Et si la nouvelle économie était celle du bon sens ?

 

De toute évidence, quelque chose ne tourne plus rond dans l’économie industrielle qui a prédominé au XXème siècle et son corolaire, la société de consommation. Dérèglement climatique, océans de plastiques, pollutions en tous genres ou dégringolade de la biodiversité, nous ne sommes en effet pas près d’en finir avec les dégâts causés par la modernité. Une « parenthèse industrielle » de quelques décennies aura en effet suffi à mettre en péril un monde qui tourne depuis plus de 4 milliards d’années !

C’est donc aujourd’hui à la génération post-moderne de tenter d’endiguer les tsunamis, de passer la serpillière et de convaincre ceux qui ne veulent pas encore entendre qu’il y a urgence de revenir à une économie guidée par le bon sens. Oui, je dis bien « revenir à », « revolvere » en Latin, qui est l’étymologie du mot révolution. Car ce n’est pas une douce et progressive transition mais bien une révolution qu’il est aujourd’hui urgent de mener.

En revanche, si les humains, et en particulier ceux des pays dit développés, ont vite pris l’habitude du confort et de la consommation de masse, ils risquent d’être moins pressés de « revenir à ». Il va donc falloir changer radicalement de système sans toucher, à tout le moins, à notre niveau de vie. En quelque sorte, il faudra que la vente continue pendant les travaux.

Impossible ? Pas sûr. En effet, et sans pour autant verser dans le « solutionnisme » de mise sur la Côte Ouest des Etats-Unis, cette même science qui est aux sources d’une modernité ravageuse apporte chaque jour son lot de solutions et sa pierre à l’édifice d’une nouvelle économie. C’est ainsi que l’éco-conception et l’économie de fonctionnalité, en particulier encouragée par les usages du numérique, apportent aujourd’hui des réponses crédibles aux questions de la limitation de la ressource, de la réduction des déchets et plus généralement des conséquences de notre façon de vivre sur la nature. Cependant, pour mener à bien cette révolution, la seule bonne volonté de quelques uns ne suffira pas à inverser le cours des choses et il faudra, sans aucun doute, y adjoindre la contrainte. Contrainte des citoyens-consommateurs sur les industriels pour imposer, par leurs préférences, des produits et services éco-responsables, contrainte des Etats et des Collectivités sur toute la société pour réguler ce retour à une économie raisonnée.

En réunissant une nouvelle fois parlementaires, élus territoriaux, représentants des grands services de l’Etat, universitaires, scientifiques, acteurs économiques et du monde associatif, l’ambition de cette deuxième Conférence Nationale sur les Déchets Ménagers sera de faire le point sur le développement de l’économie circulaire dans notre pays, les acteurs et les technologies qui la sous-tendent et le cadre législatif et réglementaire qui l’accompagne.

 Jacques MARCEAU
Président d’Aromates Rencontres et Débats