Déchets ménagers : mieux armer les collectivités françaises pour mieux armer le monde !
Adoptée par l’Assemblée nationale et le Sénat il y a moins d’un mois, la loi 3DS ambitionne de clarifier, réaffirmer et étendre les compétences des collectivités territoriales dans plusieurs domaines dont celui de la gestion des déchets. Une loi qui (enfin !) prend en compte la diversité des réalités locales et permet une organisation plus rationnelle des compétences entre les différents échelons territoriaux. Mieux organisées et mieux armées, les collectivités territoriales pourront ainsi, et peut-être, aborder dans de meilleures dispositions le poids écrasant de leurs nouveaux défis en matière de gestion des déchets ménagers.
En effet, et alors qu’en dépit des actions de prévention et mesures d’incitations de toutes sortes, le volume des déchets ménagers qu’elles ont quotidiennement à gérer stagne, quand il n’augmente pas, les collectivités territoriales voient leurs contraintes, obligations, quand ce ne sont pas carrément des taxes, s’accumuler comme si elles étaient responsables de cette inflation. Parmi ces obligations, et c’est assurément une bonne chose, la collecte sélective des déchets organiques qui deviendra obligatoire au 1erjanvier 2024. Un vrai casse-tête pour les zones urbaines denses qui non seulement pose la question d’une collecte séparée et complexe, donc coûteuse, mais encore celle d’un traitement industriel à proximité des lieux de collecte, donc d’habitation. Dans ce paysage inflationniste, se pose également la question récurrente et obsédante des plastiques qui, en dépit des progrès rapides de la chimie, des initiatives législatives ou des efforts de réduction à la source, reste une préoccupation majeure pour les collectivités, la croissance exponentielle de leurs volumes tant que celle de la variété de leur composition en rendant leur traitement de plus en plus complexe.
A ces deux questions, et pour ne prendre qu’elles, il existe heureusement des réponses en termes d’écoconception, de réemploi, de recyclage ou de valorisation. Mais des réponses qui, bien plus qu’une simple décision politique, exigent une véritable mutation des habitudes de consommation et le développement d’un puissant outil industriel. Alors que nos poubelles débordent, cela prendra, quoi que l’on fasse et quel qu’en soit le prix, du temps, beaucoup de temps !
Dans ce contexte difficile qui est le leur depuis plusieurs décennies, les collectivités territoriales françaises ont su développer un modèle original et très efficace de gestion des déchets ménagers conjuguant service public, recours aux entreprises privées, implication des citoyens et mise à contribution des metteurs en marché. Un modèle qui garantit un service essentiel de collecte et de traitement à un coût supportable pour le contribuable.
Sur le plan international, alors que la question de la gestion des déchets reste la grande oubliée des Objectifs de Développement Durable (ODD) fixés par l’ONU, elle n’en n’est pas moins une préoccupation majeure, un défi souvent insoluble pour un nombre croissant de villes, en particulier celles des pays les plus pauvres. Si les modèles sont difficilement réplicables, l’expérience de nos collectivités n’en n’est pas moins de plus en plus appréciée pour conseiller ces pays dans l’élaboration de leurs propres systèmes pour, à leur tour, avoir la capacité de relever cet immense défi. C’est une nouvelle forme de « soft power » que la France est aujourd’hui invitée à développer mais, cette fois-ci, au bénéfice du développement durable et de la préservation de notre maison commune.
Jacques MARCEAU
Président d’Aromates Rencontres et Débats
Organisateur de la Conférence Nationale sur les Déchets Ménagers